24 décembre 2009

D'amis, nous étions redevenus humains...

      Retrouver un sourire qui vous a si souvent éclairé, entendre une voix dont les vibrations font comme partie de vous-même, deviner des assertions qui auraient pu être les vôtres si...si quoi?

Si la vie.


Place du Palais des Papes, 6 mai 2007.


     Car on a tous laissé un jour, sur le bord du chemin qu'on a choisi d'arpenter, une de ses voies mystérieuses qu'on a pas su explorer, ou qu'on a tenu pour impasse. Voir une impasse là où il y a un monde, c'est plus que de l'aveuglement, c'est l'ironie d'une âme et de son arbitraire.
     C'est là peut être une des grandes contradictions du genre humain, condamné qu'il est à vivre avec
lui-même en même temps qu'à se faire la guerre. Le schéma de nos relations personnelles n'est, au fond, pas bien étranger à celui de l'Humanité. Il relève, dans l'ombre, cette tension éternelle, entre amour et haine, qui est le ferment de la destinée humaine.

Briser cette tension, voilà le grand dessein. Voilà la noble tâche.
     Faire de ce constat, que nous ne vivons que par et pour les autres, et agir en conséquence, dans quelque circonstance que ce soit. Mettre de côté sa fierté, s'épargner de trop de conjectures, s'absoudre de tout a priori, ne juger que sur l'acte, et attendre la fin de la pièce pour applaudir - ou siffler.

     C'est dans cet état d'esprit que je me suis rendu à ma convocation. Quoiqu'on en dise, on se prépare toujours avant un examen face à son passé. On y pense. Ce professeur là vous suit depuis longtemps, et on peine à décevoir la vigie de son existence, qu'elle soit parente ou immanente.
     La tension de ce passé, palpable au début, se dissipe généralement assez vite. Dès lors, vous savez que vous pouvez agir. Vous avez alors peut être en vous la capacité de faire de ce passé du présent et de conditionner ce présent en futur. Là vous avez un vrai choix à faire: le tout est de le faire en conscience.
Renoncer, c'est donner beaucoup de crédit à ses contradictions; c'est abdiquer face à....face à rien justement, par orgueil, par présomption, par connerie, par égoïsme.

     Car peut-on justement se dérober à une âme qui vous a connu peut être mieux que vous-même, peut-on jeter ses voluptés à la gueule d'un esprit dont vous vous êtes nourri, à une pensée qui a épousé la vôtre, autrefois?
     Va-t-on refuser, à l'aune d'un égocentrisme inavouable, sur l'autel de trop de rancœur, une chaleur humaine qui vous fut si débonnaire?
Ceci peut être, injustement.



"Ne perdons rien du passé. Ce n'est qu'avec le passé qu'on fait l'avenir."
Anatole France

Aucun commentaire:

Chronique tarabiscotée d'un citoyen en devenir (Pensez à nourrir les poissons)