16 octobre 2009

"Sur le chantier de ces valeurs toujours neuves, pour ces combats de chaque jour qui se nomment liberté, égalité, fraternité, aucun volontaire n'est de trop." François Mitterrand



     Finalement, je ne sais pas ce que j’en ferais. Je ne sais pas ce que je ferais de ma vie.
J’en ai eu des idées pourtant, et bien m’en a pris, tant on m’a répété ce que je devais faire : « Tu seras médecin, comme ça tu pourras nous soigner ! » me disait ma grand-mère.
     Mais je n’ai jamais vraiment écouté ce qu’on me disait, et cela n’a pas changé. Bien sûr, j’aurais aimé être médecin, et les soigner, évidemment, mais mon côté scientisceptique n’a pas dérogé à ses convictions, lui.
Et puis il est des prédispositions devant lesquels on se plie, ou on s’entête. Moi, je manque d'obstination, alors je me suis plié. C’est ainsi que j’en suis venu, fort jeune, à rêver d’une carrière journalistique. Nourrir la pensée d’autrui, offrir aux esprits fertiles cette petite graine tribale qui s’épanouirait en une plante vindicative. Sensibilisez, tout simplement ; voilà qui m’a fait vivre nombre d’années ; voilà qui m’a fait traverser, bon an mal an, tout mon enseignement primaire.

On n'enseigne pas ce que l'on sait ou ce que l'on croit savoir : on n'enseigne et on ne peut enseigner que ce que l'on est.

Jean Jaurès

     Ce dont je ne me doutais pas, c’est que ce même enseignement, des années plus tard et à un degré supérieur, remettrait à plat tout mes espoirs. Car si les enseignants sont « des jardiniers en intelligence humaine » (dixit Victor Hugo), il leur arrive parfois, par un besogneux travail d’élagage qui n’est rien de moins que l’éclairage d’une conscience, de mettre à jour quelque bosquet dissimulé et obscur. D’aucuns diront que c’est là un travail d’endoctrinement…ils ne savent pas de quoi ils parlent, et je les plains de n’avoir jamais été transcendé par un de ces planteurs, de n’avoir jamais goûté à l’intensité de ce plaisir inouï d’avoir en face de soi un homme, une femme, et d’y voir tout un monde.
      D’ailleurs, à ce compte-là, j’ai vu –durant mes années lycée- passer au moins 4 ou 5 planètes sous mes yeux. Autant de voyages, dans les contrées tortueuses de l’esprit et du Savoir, qui semble-t-il m’ont transformé. Autant de femmes, et d’hommes, artisans de la conscience humaine, qui m’ont offert les outils pour élever mon esprit. Autant de femmes, et d’hommes, qui m’ont pris, qui nous ont pris par la main et nous on conduit dans leur monde.
Ne quittant pas la rue Palapharnerie, j’ai de cette façon exploré moultes provinces qui, plus que m’ouvrir les yeux, m’ont ouvert le cœur, et l’esprit.
     Cette épopée incertaine, je puis le dire aujourd’hui, m’a changé, transformé. Pour sûr, je puis dire aussi qu’il y avait là, dans mon esprit, quelques terrains de pâture plus prolifiques que d’autres, quelques pôles de réceptivité prometteurs. Mais il leur fallait un aimant.
En leur trouvant une polarité, j’ai fais plus que trouver un sens à ce qu’inculquait : j’ai trouvé un sens à la vie. Non pas à la mienne, celui-ci se révèlera en son temps, mais à la Vie, en général.
Je la découvre encore chaque jour, mais je sais désormais qu’elle mérite qu’on s’y attarde, qu’elle est difficile pour beaucoup d’entre nous, mais qu’il nous incombe de la rendre supportable. Supportable à tous.

     Voilà pourquoi je veux faire de la politique, malgré le dégoût que cela m’inspire. J’ose croire que je ne suis pas condamné à changer, j’ose croire tout ce que je crois et bien que je constate avec amertume mon utopie dans la bouche des autres, je dis ce que je pense, et je pense ce que je dis.

D'ailleurs j'ai purement passé les jours mauvais,
Et je sais d'où je viens, si j'ignore où je vais.
L'orage des partis avec son vent de flamme
Sans en altérer l'onde a remué mon âme.
Rien d'immonde en mon coeur, pas de limon impur
Qui n'attendît qu'un vent pour en troubler l'azur !

Victo Hugo - Ce siècle avait 2 ans


Aucun commentaire:

Chronique tarabiscotée d'un citoyen en devenir (Pensez à nourrir les poissons)