3 juin 2009

L'étranger idéal




Moi aussi, je suis un étranger. Dans mon pays.
Je suis né là où étaient mes idées, elles n'y sont plus.
La Démocratie a perdue la tête et a rendue les citoyens étrangers à elle-même. Pire, la Démocratie a perdue la tête et elle a rendue les citoyens étrangers à eux-mêmes. L'impalpable idéal qu'elle a semée dans leurs esprit, elle l'a tuée. Génocide des idées.


***Je dois être anachronique, je pense. Je suis né avec un siècle et demi de retard, je suis arrivé trop tard, j'ai troqué mon train à vapeur pour un TGV qui court -gavé à l'énergie atomique- vers sa perte.
Résultat: je me sens étranger, étranger aux idées qui m'entoure; étranger à l'atmosphère qui m'enivre; étranger au monde qui m'accueille; étranger, enfin, à cette réalité qu'on me donne en patûre.
On peut bien m'en gaver, me la dépeindre en mille couleurs dans les journaux, sur les télés, dans les radios. Ces tableaux qu'ils m'offrent son sans saveur, leurs couleurs sont blafardes et leurs traits ne m'inspirent plus que le dégoût.
***Moi, j'ai des envies d'égalité en tête, je crois que les Hommes sont capables de rémission et j'imagine que l'Éducation Nationale est une espèce de Religion d'État qui substitue aux croyances traditionnelles l'aspiration à une société extraordinaire: libre, pensante, pacifiste, cordiale au reste de l'Humanité, unie, soudée, fière.
***Je sens bien que vous me prenez pour un allumé. Vous regardez tout le monde comme ça. Vous ne respectez plus les hommes, et vous ne vous respectez plus vous-même. Vous abolissez leur dignité, leur bonne conscience, leurs aspirations, leurs rêves, leur avenir et même leur Humanité sur l'autel de la rentabilité.
Combien de personnes avez-vous anéanties pour alimenter votre profit?

***Mais ce n'est pas votre faute. Nous le savons tous, nous en voulons au néant, nous n'en voulons à personne et nous en voulons à tous. C'est que ce qui nous a conduit là où nous sommes, c'est la grande marche de l'Humanité. Nous sommes parti de la Révolution Industrielle pour aboutir à l'Exploitation Universelle, c'est tout.
***Et puisque nous sommes tous responsables, absoudons-nous nous-même.

***Ceci étant, puisque je suis un pauvre fou, je me dis qu'on devrait tenter d'y remédier.
***Et parce que je suis taré, je crois que c'est à l'Etat qu'incombe cette tâche délicate.
C'est peut être farfelu comme cheminement, comme enchaînement d'idées, mais il m'a semblé comprendre que l'Homme n'était rien sans l'Homme et j'ai cru bon de m'abandonner à croire que si l'individu devait savoir se donner tout entier à la société, elle avait elle aussi le devoir de se vouer à lui.
***C'est aussi stupide que moi mais j'ai étais abusé par ce que vous aviez écrit sur le fronton de nos mairies: Liberté, Egalité, Fraternité. J'ai longtemps entretenu une espèce de sacralité démocratique & républicaine avec ces 3 mots. Je les ai lu, et ils m'ont imprégné. Je les ai lu, et ils me font écrire. Je les ai lu, et ils seront l'objet de mes combats.

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Chronique tarabiscotée d'un citoyen en devenir (Pensez à nourrir les poissons)