17 décembre 2009

Le Petit Prince

Antoine de Saint-Exupéry




Je crois qu'il profita, pour son évasion, d'une migration d'oiseaux sauvages


     C'est là un bien grand mystère. Pour vous qui aimez aussi le petit prince, comme pour moi, rien de l'univers n'est semblable si quelque part, on ne sait où, un mouton que nous ne connaissons pas a, oui ou non, mangé une rose...
     Regardez le ciel. Demandez-vous : "le mouton oui ou non a-t-il mangé la fleur?" Et vous verrez comme tout change...
     Et aucune grande personne ne comprendra jamais que ça a tellement d'importance !

      Plus qu'un plaidoyer en faveur des choses simples, c'est un retour aux choses vraies que semble appeler de ses vœux Saint Exupéry à travers l'histoire de son Petit Prince. Cette histoire, il la dédie "au meilleur ami [qu'il ait] au monde", Léon Werth ou, plutôt, "à Léon Werth, quand il était petit garçon".
     "Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants. (Mais peu d'entre elles s'en souviennent.)"
Ainsi introduit t-il son récit, récit que tout le monde connait mais que chacun ignore.
J'ai réalisé ça, moi aussi, à 6h35 en lisant un article sur la traduction japonaise de cette œuvre. De là mon envie de la redécouvrir. De là cette pénétration matinale (?).
      Comme nombre d'entre vous, j'avais lu cette œuvre au collège. En 6e, même, je le sais puisque j'avais griffonné maladroitement sur la 2nde de couverture ces quelques mots: "lu en 6e2 avec Mme Compère, Mourion 30400", comme en témoin d'une mémoire qui viendrait à coup sûr se faire défaut à elle-même, se dérober à sa propre tâche.
J'ai ainsi découvert, non l'histoire que je connaissais, mais tout ce qu'elle transpire. Au fond, je crois que j'étais moi-même trop enfant pour percevoir cela, la première fois que je l'ai lu. Je présume qu'à mon sens, toutes ces évidences l'étaient trop pour qu'elles m'interpellèrent.

      Car ce livre, à travers le prisme du regard de l'enfance, est en réalité un énorme coup de pied au cul des "grandes personnes" comme se plait à les nommer St-Exupéry.
Il nous rappelle que nous ignorons tout, que nous ne nous attachons à rien de vrai; il nous rappelle que notre utilitarisme, notre affairement, notre rigidité d'esprit sont autant d'offense faites à la Vie; c'est à dire au Vrai.
A ce qui reste, quand tout déserte. Car c'est précisément au milieu du désert que se trouve notre narrateur, et il fait le même apprentissage que nous.
      Ce Petit Prince, quittant la solitude de sa planète, quittant sa fleur qu'il "n'avait pas su comprendre", nous entraîne ainsi dans un périple où il peine à troquer son ennui face a des personnages caricaturaux, certes, mais qui témoignent tous de cette immanence de l'Homme à se réfugier dans des attitudes, des postures, des affaires, des occupations...ou des livres, pourrais-je ajouter.
Il finira lui aussi au milieu du désert, auprès d'un St Exupéry abimé au beau milieu des dunes sans horizon du Sahara, à qui il raconte son histoire avant que celui-ci nous la raconte, et à la clé cette rencontre, du Petit Prince avec un renard, et une leçon dont on garde tous la phrase fatidique en tête, et que je vous laisse redécouvrir dans la suite.

- Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?
- C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie "créer des liens...".
- Créer des liens?
- Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre? Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
- Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur...je crois qu'elle m'a apprivoisé...
[...]
       Ainsi, le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche :
"Ah ! dit le renard....Je pleurerai.
- C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise....
- Bien sûr, dit le renard.
- Mais tu vas pleurer ! dit le petit prince.
- Bien sûr, dit le renard.
- Alors tu n'y gagnes rien !
- J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur des blés."
      Puis il ajouta :
"Va voir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret."
[...]
      Et il revint vers le renard :
"Adieu, dit-il...
- Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux.

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