14 décembre 2009

Côté quotas, c'est coton...

De l'absurdité de la politique de reconduite aux frontières



 "Mur des expulsés" de Billère, dans les Pyrénées-Atlantiques.

MAJ - 14/06/2010: La fresque présentée en illustration de cet article a été recouverte début mai 2010 par un collectif identitaire proche de l'extrême droite qui en a profiter pour rendre hommage au zèle du préfet des Pyrénées-Atlantique, Philippe REY, avec cette inscription: "C'est fait Mr le Préfet". Voir l'Article de Sud-Ouest.

     Je ne vous apprendrais rien en vous rappelant que le gouvernement français, depuis 2007, s'évertue à éditer des objectifs chiffrés d'expulsion concernant les étrangers en situation irrégulière, selon une culture du chiffre qui lui est chère.
     Passé de 25.000 reconduites à la frontière en 2007 à 29.000 en 2008 et cette année, l'objectif du gouvernement d'Eric Besson semble pourtant être compliqué de quelques difficultés techniques. En effet, alors que déjà en 2007 son prédécesseur Brice Hortefeux avait pêché -non par humanisme, rassurez-vous- en déshonorant ses perspectives avec seulement 23.186 expulsions contre les 25.000 expressément voulues par le boss, la razzia millésime 2009 semble tout aussi mal engagée...à croire que le vivier se meure, ou se cache (ouai, on est d'accord).

     Qu'à cela ne tienne, soumise à ces quotas exubérants, la Police française ne manque pas d'idées et s'est ainsi faite maîtresse dans l'art d'expulser... les touristes et autres voyageurs en transit dans l'hexagone.
      C'est ce dont parle ce soir France Info qui évoque l'expulsion, pas plus tard que ce week-end, de 7 marocains en provenance d'Italie et de Belgique et qui transitaient (en bus) par la frontière franco-espagnole en possession de billets retours pour leur pays natal.
     Loin d'incarnés les profiteurs qu'on dépeint trop souvent au détour de discours plus douteux les uns que les autres, ces touristes se sont donc vus placés en centre de rétention administrative avant d'être auditionnés par la justice et d'être reconduits, par les airs, dans leur pays.
     A en croire la Cimade (une des associations de solidarité active avec les migrants, mandatée par le ministère pour gèrer le problème des sans-papiers dans ces centres (devise:"L'Humanité passe par l'autre" :D)), cet évènement ne serait pas isolé et participerait d'une tendance globale à la reconduite à la frontière d'étrangers en transit n'ayant pas l'intention de rester sur le sol français.
    En dehors de l'aspect proprement scandaleux de ces pratiques institutionnalisées, on est en droit de s'indigner quand on sait que le coût de la reconduite d'un seul individu est évalué, selon un rapport du Sénat, à environ 20.000€...chiffre qui en dit long sur les priorités d'un gouvernement qui préfère entretenir son électorat de droite avec des mesures populistes alors même que de nombreux rapports mettent en avant le bien-fondé économique de l'immigration...un sujet dont j'aurais l'occasion de vous rebattre les oreilles d'ici peu de temps...
     Ce coût prohibitif s'explique par les moyens financiers et humains que requiert une expulsion: à la moyenne de 32 jours d'hébergement en centre de rétention par expulsé, il faut en effet ajouter le coût des personnels chargés de traiter ces dossier (policiers, juges, avocats commis d'office, etc) et, tenez-vous bien, au moins 3 policiers par détenu chargés de reconduire ces personnes en situation irrégulière par avion, et tout cela (comptez donc 1 billet Aller + 3 A/R= 7 billets d'avions) au frais du contribuable, bien entendu.

C'est ça la France d'après.

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# Qu'arrive-t-il à ceux qui s'y opposent? - fabula.org
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# Le nouveau visage de la France, terre d'immigration - Le Monde
# Lettre d'un enfant dont le père a été expulsé à N. Sarkozy - RESF

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