18 novembre 2009

Lou meiour bàrri es la Pas



    Vous traversez cette ville comme l'Humanité a traversé les siècles. Vous vous y introduisez par une Poterne, vous en ressortez par une porte; toute cette prodigieuse civilisation citadine vous semble être un entonnoir inversé, faisant entrer le Progrès par l'ouverture étriquée des mœurs de son temps pour le voir rejaillir, en ondes diffuses, sur les esprits de demain. La petite porte laisse entrer le passé, fait de craintes et de méfiance; la grande vous montre l'Avenir, avec tout les espoirs qu'il recouvre, et toutes les utopies qu'il côtoie. Traverser cette ville est un voyage, une épopée offerte par l'architecture, et l'Histoire qui l'a façonné.
Pas une rue, pas un boulevard, pas une place qui ne portent sur elle l'héritage séculaire de ces millions de vies qui s'y sont accomplies. Même les impasses, écueil pour les badauds, demeurent des puits sans fond pour les historiens, ces puiseurs du passé.


    Il existe dans cette ville, comme dans toutes celles qui ont connu un passé prolifique, ce je ne sais quoi de transcendant qui laisse les contemplateurs pensifs. C'est que la "grand-ville", ici "Lumière", là-bas (là-haut, devrait-on dire) "Eternelle", bien souvent "musée", est loin de n'être qu'un regroupement populaire. Elle porte en elle tout le Progrès de la civilisation humaine; on s'y balade de ce pas que l'on nomme la "marche de l'Humanité": l'esprit absorbé, le regard égaré, la direction incertaine. Nos errances éphémères sur le macadam s'apparentent, en ce sens, aux vagabondages millénaires de nos aïeuls.

    Comme si l'Homme ne pouvait avancer que vers l'inconnu, et comme si nous n'étions là que par une espèce de hasard. De là cet étonnement, cette admiration mêlée d'un profond respect que nous évoque la Cité, pareille à un mécanisme d'horloger, empreinte qu'elle est d'un mouvement sans discontinuité: l'agrégation des volontés qui s'y épanouissent. Mouvements anarchiques, contradictoires, incompatibles, et pourtant si féconds.






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